Parution

L'oeuvre poétique d'Edmond Rostand

Aux éditions TriArtis

A l'occasion des commémorations du centenaire de la disparition d'Edmond Rostand

les éditions TriArtis réédite, pour la première fois en un seul volume, l'oeuvre poétique d'Edmond Rostand.

Contient : Les Musardises (édition de 1890 et 1911), Le Cantique de L'Aile, Le Vol de La Marseillaise.

Préface d'Alexis Michalik, présentation "Edmond Rostand, poète" de Philippe Bulinge

Avant-propos "Pourquoi dire Rostand aujourd'hui" de Jacques Mougenot (voir plus bas)

 

 

Pourquoi dire Rostand aujourd’hui ?

Et d'abord, pourquoi dire Rostand ?

Parce que les poèmes de Rostand sont ceux d’un auteur dramatique ! Ceux d’un poète qui a besoin, pour se faire comprendre, d’un interprète ! Certes on appréciera dès la lecture le charme, l’esprit, l’invention prosodique et verbale, l’humanité profonde et altière, et mille autres qualités de cette œuvre poétique méconnue, on y discernera peut-être aussi des faiblesses, des inégalités, des désuétudes ou des outrances, mais seule l’interprétation d’un comédien nous en restituera le lyrisme familier, le mouvement dramatique, les rythmes organiques, et en un mot : le souffle.

Pas, ou peu, réédités depuis les années 20, c’est par la tradition orale en quelque sorte que j’eus la chance, il y a 35 ans, de découvrir ces poèmes, portés par la voix d’un comédien, celle de Jean-Laurent Cochet. Il en faisait travailler à ses élèves, et lui-même en disait – magistralement – dans ses spectacles poétiques : je me souviens d’un Rostand l’enchanteur à la salle Gaveau qui avait littéralement envoûté le public et l’apprenti-comédien que j’étais alors. Je me souviens aussi dans cette même salle d’un Hommage à Mary Marquet où il disait à son tour tous les grands textes (et parmi eux, ceux de Rostand bien sûr) que cette exceptionnelle diseuse avait mis au programme de ses fameux récitals. Ces poèmes, c’est le poète en personne qui les lui avait dits, dans l’intimité, puisque Mary Marquet fut le dernier amour d’Edmond Rostand, son dernier rayon de soleil nous dit le biographe Paul Faure. Elle avait 20 ans quand elle l’a connu, 23 quand il nous a quittés au lendemain de la Grande Guerre. Et puisqu’Alexis Michalik, dans la préface de ce livre, comme dans sa pièce « Edmond », rappelle le rôle de muse, d’alliée et de confidente qu’a tenu auprès du poète son épouse Rosemonde Gérard, je crois justice de souligner ici celui d’ambassadrice, de promotrice de l’œuvre poétique d’Edmond Rostand, qu’a joué Mary Marquet au milieu du XXe siècle. Je voulais, à l’instar de Coco – ainsi appelait-elle avec une tendresse bourrue son plus fervent admirateur – lui rendre cet hommage.

Et puis, pourquoi aujourd’hui ?

Sous-entendu : un siècle après sa mort, les poèmes d’Edmond Rostand peuvent-ils encore nous toucher comme ils ont bouleversé ses contemporains ? Pas tous, bien sûr. Il y a dans Le Cantique de l’aile bien des vers de commande ou de circonstance dont les circonstances justement nous échappent, mais il y a aussi « Les mots », déclaration d’amour à la langue française qu’inspira à l’académicien Rostand une réforme de l’orthographe, déjà. Il y a dans Le vol de la Marseillaise bien des vers patriotiques qui n’ont d’intérêt aujourd’hui que documentaire ou historique, mais il y a « Le barrage », récit rimé plus que poème, sobre et cru comme le cliché en noir et blanc d’un reporter de guerre, à quoi nul ne sera insensible. Et puis il y a dans Les Musardises, parmi bien d’autres merveilles, « Le divan », « Le mendiant fleuri », « Le contrebandier », « Matin » ou « Silence » qui à eux seuls convaincront le lecteur que Rostand, comme les grands classiques dont il est le pair, s’adresse aux gens de toute époque, de tout âge et de tout milieu.

Jacques Mougenot