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Les infos (Nouméa)

Les infos (Nouvelle Calédonie) - 21 mai 2010

 Pour cinq représentations au Théâtre de Poche [de Nouméa], l'humour était à l'honneur avec « L'affaire Dussaert » de et avec Jacques Mougenot. Une critique jubilatoire et caustique de l'art contemporain, ayant obtenu le prix du public au festival de Dax 2007.

Jacques Mougenot est l'auteur et l'interprète d'un monologue jouissif où il fustige le snobisme et les dérives de l'art contemporain. Le spectacle se présente comme une vraie conférence sur un peintre ayant marqué son époque, le fameux Philippe Dussaert (1947-1989). Un trajet artistique de météore, cependant retracé avec moult digressions, avec un art de la litote, des jeux de mots excellents et une interprétation tout en finesse. Le ton badin du départ fait rapidement place à une ironie fine, puis à une franche rigolade, tout en gardant une ambiguïté, étayée de vérités historiques. Dussaert est le peintre du non-dit, du non-peint plutôt.

S'il avait été artisan, Dussaert aurait fabriqué des couteaux sans manche auquel manquait la lame ; comédien, il aurait interprété Astyanax dans Andromaque, l'Arlésienne dans l’œuvre du même nom ; écrivain, il aurait publié un livre de pages blanches intitulé « Mémoires d'un amnésique » – ce qu'avait tenté avec brio Georges Perec en écrivant « La disparition » (un roman entier sans la lettre E, la plus utilisée dans la langue française). Se moquant des critiques, des « gens qui savent », des politiques culturelles, du marché de l'art, des baudruches gonflées de vacuité et d'une abstraction confinant au trou noir, Jacques Mougenot, dans une performance confondante de réalité, délivre une réflexion jouissive sur notre époque contemporaine qui fait et défait les réputations. Courez-le voir et l'écouter, la sienne n'étant pas usurpée.

Rolross