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La Huchette en liberté !

Balade littéraire itinérante composée par Jacques Jacques Mougenot et guidée par Alain Payen.

Le Théâtre de la Huchette est fermé pour travaux jusqu'au 26 septembre 2017, date à laquelle "La Cantatrice chauve" et "La Leçon" entameront
gaillardement leur 70ème saison triomphale. Pour faire patienter les spectateurs, Jacques Mougenot propose avec "La Huchette en liberté" une balade autour du théâtre dont le conférencier-guide est le comédien Alain Payen.
Affublés d'un audio-guide, l'oreillette en coin, les spectateurs marcheurs suivront ce sympathique pensionnaire de la Huchette, qui, depuis 2013, est l'un des cinq "Monsieur Smith" de la troupe de la "Cantatrice Chauve". Selon le principe, qui fait ses preuves depuis des décennies, chaque rôle, en effet, est joué en alternance par cinq comédiens, ce qui a pour conséquence de ne pas les faire sombrer dans une routine ioniesquienne qui nuirait à la tonicité des représentations...
Mais là n'est pas là question... et justement, la première des quatre étapes imaginées par Jacques Mougenot est la fameuse librairie "Shakespeare and Co". Alain Payen y rapporte une aventure fantaisiste arrivée au cher Eugène quand il était étudiant. On ne dévoilera pas le charmant pot aux roses de cette mise en jambes et l'on suivra sans perdre un instant le guide qui conduit ses ouailles jusqu'au café Saint-Séverin, deuxième station de ce parcours nonchalant où l'aléa, constitué par les touristes bruyants et les clochards insistants, apporte son petit grain de sel. Quand on a consulté souvent le Docteur Destouches, on sera ravi d'entendre Alain Payen lire
parfaitement un extrait de ces "Carnets de Meudon", qui raconte un événement à marquer d'une pierre blanche : Céline était venu voir "La Cantatrice" en 1958. On verra ce qu'il adviendra au vieux bougonnant atrabilaire en arrivant à la caisse du Théâtre de la Huchette, avant que de reprendre son bâton de pèlerin pour le troisième lieu de mémoire lié à la Huchette : le Musée de Cuny. C'est alors au tour de Sacha Guitry et de son jeune admirateur Alain Decaux d'entrer en scène. La correspondance du Maître et du bébé historien aura pour La Huchette une importance vitale via une "cassotte" en laiton. Après avoir pris la rue de la Parcheminerie et écouté à l'occasion ce qu'il en cuisit à François Villon d'y avoir craché de manière inappropriée, l'audio-guidé se retrouvera devant sa déjà dernière étape : la fontaine Saint-Michel. Le spectateur parisien de toujours remerciera alors Mougenot et Payen de lui permettre, pour une fois, d'être attentif à cette merveille qu'il traverse depuis des années sans plus y jeter
un coup d'oeil.
Et pourtant, il ne faut pas hésiter à le redire : quelle merveille ! "Ils n'en ont pas des comme ça à Niouviork" aurait ajouté Maurice Chevalier ou Mistinguett, mais c'est à La Fontaine que cette fontaine fait référence pour le conférencier. Car, c'est un récital de fables et de contes de La Fontaine qui fut le premier spectacle donné à La Huchette. Occasion pour Alain Payen de lire un peu connu conte de la Fontaine, légèrement grivois comme il se doit, où l'on apprendra - enfin - comment reconnaître le sexe des anges. Ce sera alors le moment redouté : la fin de cette balade extravagante, poétique et chaleureuse... Alain Payen, pour finir, révèlera que Jacques Mougenot n'est pas pour rien l'auteur-acteur de "L'Affaire Dussaert". On n'en dira pas plus et l'on n'oubliera pas le guide qui mérite ses cachets assedic plutôt que le pourboire traditionnel.
Bravo donc à Alain Payen et longue vie au Théâtre de la Huchette.

Philippe Person
www.froggydelight.com

Froggy's delight

Quel est le point commun entre un Président de la République, un galactonaute, Marcel Proust, Prométhée, une astrologue, les dieux de l'Olympe, la princesse Alumine de Benzoate, le testament de Titus Appolin, Georges Perec, Mozart et les Noces de Cana de Véronèse ?

Un romancier qui a construit une machine à démonter le temps. Et par la même occasion à démonter le lecteur. Car Jacques Mougenot embarque le lecteur sur le radeau incertain de la conquête du temps. Embarquer s'avère le terme adéquat puisqu'il nous emmène à la poursuite du secret du temps sur l'océan de nos petites cellules grises. Mais embarquer n'est-il pas également usité dans le sens de "mener en bateau" ?. Car ce roman est écrit à la première personne par un narrateur ….qui se trouve être un romancier …qui a écrit un livre intitulé "La machine à remonter le temps". Que nenni, puisque dès les premières pages, tout est dit…du moins pour le lecteur attentif, comme il se doit pour tout lecteur, et averti, ce qui sera le cas après avoir lu ces lignes. D'une plume alerte et inspirée, à la fois concise et drôle, Jacques Mougenot propose un voyage au cœur du temps sous couvert de quête qui réjouira plus d'un amateur de jeux de rôles. N'oublions pas qu'il est aussi comédien, auteur dramatique et metteur en scène. C'est ludique, amusant, intelligent et éminemment roboratif.

Martine Piazzon
Froggy's Delight, 7 mars 2006

Froggy's delight

Qu’on se le dise : le Mougenot nouveau, attendu comme le messie, terme ô combien de circonstance, est arrivé au Petit Hébertot !

Après la reprise en janvier 2006 de "L’affaire Dussaert" et la création en novembre 2006 de "La fourmi et la cigale", co-écrite avec son frère François, en ce même lieu, voici "La création du monde" au terme de laquelle Jacques Mougenot entreprend de raconter, que dis-je, de dévoiler le tout début du tout à partir du rien, pas moins que l’œuvre du Verbe et de percer enfin le mystère métaphysique essentiel. Excellent comédien doublé d'un trublion versificateur à l’humour précieux et inspiré mis au service des thématiques fondamentales et des angoisses existentielles, Jacques Mougenot s'est concocté un monologue en alexandrins brillant et jubilatoire. L'être et le néant, le temps et l'espace, la science et la foi, l'art conceptuel et la pomme fatale, autant d'abîmes et de mise en abîme de réflexions réjouissantes. Tout de smoking vêtu, oeil pétillant et sourire esquissé, on lui donnerait le bon Dieu sans confession tant il manie avec dextérité le paradoxe, pratique l'ironie à fleuret moucheté et l'art du rire roboratif et tricote un verbe inspiré. Il ravit, transporte, emberlificote et subjugue avec un art consommé de la prosodie et de la comédie. Mais n'oubliez pas l'affiche croquignolette sur laquelle un magicien sans visage sort de son chapeau un curieux lapin à tête de globe terrestre. Et une question s'impose : c'est qui le magicien ?

Martine Piazzon
Froggy’s delight, novembre 2007

Froggy's Delight

Que vous soyez néophyte, amateur éclairé ou passionné d'art, ce spectacle est fait pour vous ! En effet, Jacques Mougenot, l'œil malicieux et la prose allègre, se propose de nous relater, avec force documentation et humour, un des épisodes les plus retentissants de l'histoire de l'art dit "contemporain" : l'affaire Dussaert.

Du nom du fameux peintre Philippe Dussaert, initiateur du mouvement vacuiste dans les années 80, cette affaire éclata en 1991, quelques années après sa mort, lors de la mise en vente, et surtout l'achat par les musées nationaux français, de sa dernière œuvre, qui était également le point d'orgue de sa démarche artistique, intitulée "Après tout", qui avait déjà soulevé une forte polémique lors de son exposition quelques années auparavant.

Mais c'en est déjà trop révélé et mieux vaut en rester là afin de ne pas déflorer le sujet et laisser au futur spectateur non seulement le plaisir de découvrir cette histoire savoureuse mais aussi le soin de se faire une opinion après une salutaire réflexion sur la notion d'œuvre d'art. Cela étant, force est de reconnaître que Jacques Mougenot réussit là un tour de force particulièrement remarquable puisqu'il parvient à nous présenter sous forme satirique, une conférence étonnamment didactique synthétisant les résultats de la très sérieuse enquête d'investigation qu'il a menée, tel un Rouletabille moderne, et qui dépasse le cadre de la simple "affaire Dussaert", pour s'ouvrir sur une très légitime interrogation sur le petit microcosme de l'art.

Impertinent, drôle, ironique et terriblement intelligent, ce spectacle jubilatoire aborde des thèmes d'une actualité récurrente qui ne laissera pas indifférent surtout ceux qui y sont épinglés. Car toute affable qu'elle soit la narration de Jacques Mougenot est émaillée de remarques de bon sens et de bon aloi qui déplairont sans doute à certains potentats à l'origine des dogmes en matière artistique mais raviront le commun des mortels.

Martine Piazzon
Froggy's Delight, janvier 2006